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Le plan de sauvetage a pour objectif d'éviter la faillite à South African Airways, deuxième compagnie aérienne d'Afrique. © Gianluca Guercia / AFP

Afrique du Sud : ultime plan de sauvetage pour South African Airways

Le gouvernement et le conseil d'administration de SAA lancent un nouveau plan de restructuration. Objectif : sauver la compagnie nationale au bord de la faillite. 

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Opération de la dernière chance pour la South African Airways (SAA). Jeudi 5 décembre, un ultime plan de sauvegarde a été lancé pour éviter la faillite de la compagnie publique. « Le conseil d'administration de SAA a adopté une résolution en vue d'un plan de sauvegarde de l'entreprise », a annoncé le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan. « Cette décision est soutenue par le gouvernement. » Dans le cadre de cette procédure, la compagnie, qui n'a enregistré aucun bénéfice depuis 2011, va recevoir 4 milliards de rands, soit 248 millions d'euros. La moitié, de la part de l'État, et l'autre, en provenance d'organismes prêteurs, a précisé le ministre dans un communiqué.

Objectif : « faciliter une restructuration radicale de la compagnie » qui sera conduite par un administrateur indépendant, « éviter un effondrement désordonné et conserver le plus d'emplois possible » sur ses quelque 5 200 salariés actuels. Les principaux syndicats n'ont pas encore réagi à cette annonce. Seul Solidarity, minoritaire, s'est en félicité, mais a demandé à être consulté pour la nomination de l'administrateur. Pour l'analyste Daniel Slike, interrogé par l'AFP, cette procédure de sauvegarde est « le moindre mal » pour SAA, car elle lui permet d'« échapper à une liquidation » pure et simple. 

Sérieuses turbulences 

« Les temps sont difficiles » pour la compagnie, a reconnu la direction, estimant que la restructuration représente « de nombreux défis et incertitudes pour le personnel ». Le plan prévoit en effet des suppressions de postes, la privatisation de plusieurs services du groupe et la suppression de certaines de ses destinations. Après 85 ans d'existence, l'avenir de la SAA est donc sérieusement menacé. En cause, une dette d'au moins 9,2 milliards de rands, 570 millions d'euros que la deuxième compagnie aérienne d'Afrique peine à éponger. Aujourd'hui, elle ne survit que sous perfusion permanente d'argent public. Endettée, déficitaire, pénalisée par une flotte vieillissante d'une cinquantaine d'avions et la dépréciation du rand sud-africain, SAA semble mourir à petit feu.

Une situation subie de plein fouet par les salariés de la compagnie. En novembre, ils ont fait savoir leur colère avec une grève de sept jours, qui a entraîné l'annulation de centaines de vols. Les syndicats ont finalement obtenu des augmentations de salaire et le report de quelques mois d'un plan de restructuration qui pourrait se traduire par le licenciement de près d'un millier de salariés. Mais le soulagement a été de courte durée. Fin novembre, SAA n'a pas été en mesure de payer la totalité des salaires du mois et a dû demander un emprunt de 2 milliards de rands. Devant l'incertitude planant sur l'avenir du groupe public, l'une des principales agences de voyages en Afrique du Sud a décidé la semaine dernière de ne plus vendre de billets de SAA, un nouveau coup très dur pour la compagnie.

L'ombre de Jacob Zuma

South African Airways fait partie des nombreuses entreprises publiques sud-africaines financièrement à l'agonie qui plombent les comptes de l'État, comme le géant de l'électricité Eskom lui aussi au bord de la faillite. Les grandes difficultés financières de ces entreprises sont largement attribuées à la mauvaise gestion et à la corruption sous le règne de l'ex-président Jacob Zuma (2009-2018). Proche de M. Zuma, l'ancienne PDG de SAA Dudu Myeni (2012-2017) a été récemment accusée de « pratiques illégales » devant une commission d'enquête anticorruption et fait l'objet d'une plainte devant la justice pour sa mauvaise gestion.

Elle a jusqu'à présent refusé de se présenter devant le tribunal. Le président Cyril Ramaphosa, qui a succédé en février 2018 à Jacob Zuma, s'est engagé à faire le ménage dans les entreprises publiques, alors que la croissance de la première puissance industrielle du continent est en berne. Au troisième trimestre, le PIB s'est contracté de 0,6 %, enregistrant une deuxième baisse trimestrielle du produit intérieur brut (PIB) cette année, selon le bureau national des statistiques (StatsSA). Les transports, à - 5,4 %, font partie des secteurs qui ont plombé la croissance, avec les mines et l'industrie.