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Zacharie Myboto et Alexandre Barro Chambrier affichant leur bonne entente à l'occasion des élections législatives d'octobre 2018 (image d'archives) @ DR

Nomination de Nourredin Bongo Valentin à la Présidence : « Pour l’opposition gabonaise, c’est faites ce que je dis, pas ce que je fais »

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Moribonde et inaudible depuis sa cuisante défaite lors des élections générales d’octobre 2018, l’opposition gabonaise tente de mettre à profit la nomination du fils du chef de l’Etat comme coordinateur des affaires présidentielles en suscitant une polémique qui a fini par… se retourner contre elle. Explication. 

Ces derniers jours, chacun dans l’opposition y est allé de son couplet dans ce qui s’apparente à une course à l’échalote. Alexandre Barro Chambrier, le leader du RPM (ex-RHM), ce vendredi : « Cette volonté obstinée de dévolution monarchique ou familiale du pouvoir au Gabon en faveur de Nourredin Bongo Valentin, un novice n’ayant aucune expérience ni capacités avérées constitue une provocation de trop ». Zacharie Myboto, le président de l’UN, le lendemain, samedi : « (La nomination de Nourredin Bongo Valentin) traduit la volonté de M. Ali Bongo Ondimba de passer la main à son fils ». Etc.

A chaque fois, le procédé est le même : mettre à profit la nomination, jeudi dernier en conseil des ministres, de Nourredin Bongo Valentin au poste de coordinateur des affaires présidentielles pour dénoncer là une « succession filiale », ici un « projet de dévolution monarchique du pouvoir ». La finalité est également commune : il s’agit, pour l’opposition, moribonde et inaudible depuis sa cuisante défaite lors des élections générales d’octobre 2018, de tenter de se remettre en selle.

Entre ses différents leaders, ce weekend, c’était donc à celui qui prendrait la parole le premier, qui aurait la formule la plus percutante, etc. C’est ainsi que coup sur coup, Alexandre Barro Chambrier a pris la parole, suivi du très médiatique collectif Appel à agir, puis du président de l’UN, Zacharie Myboto, etc.

Hiatus entre les paroles de ces opposants et leurs actes

Le propos, en réalité davantage destiné à attirer l’attention des médias, en particulier internationaux, a-t-il des chances de faire bouger les lignes ? Rien n’est moins sûr. Et pour cause, aussitôt leur diatribe faite, les premières critiques ont commencé à poindre. Toutes sur le même registre, celui de l’exemplarité.

Sur les réseaux sociaux, les Gabonais n’ont pas manqué de se gausser du hiatus entre les paroles de ces opposants et leurs actes, pointant, souvent avec ironie, une attitude revenant à « faire ce que je dis et non ce que je fais ». Ainsi de Zacharie Myboto qui s’emploie depuis plusieurs mois à céder les rennes du parti à Chantal, sa fille, au grand dam de l’ambitieux Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. Ou encore d’Alexandre Barro Chambrier, dont le fils aurait selon la presse bénéficié des largesses du père du temps où celui-ci était ministre de l’Habitat. Mais aussi Franck Ping, le fils de Jean Ping, ou encore Jean-Boniface Asselé qui a offert en septembre dernier la présidence de son parti, le CLR (parti centriste), à sa fille aînée Nicole. Etc.

« C’est une attitude courante au Gabon, dans la majorité comme dans l’opposition, de voir les enfants travailler en politique avec leurs parents. Tout le monde le fait. C’est d’autant plus normal que nous sommes un petit pays de deux millions d’habitants », fait observer un professeur en science politique de l’UOB, qui ajoute que « sur ce planle Gabon ne fait pas exception. C’est comme ça que ça se passe partout ailleurs dans le monde. Il ne s’agit pas tant pour les dirigeants de travailler avec leur famille mais avec des gens en qui ils ont une totale confiance. »

Contre-offensive de la Présidence

Le vendredi 7 décembre, lors de sa conférence de presse, le porte-parole de la Présidence de la République, Jessye Ella Ekogha, ne disait pas autre chose quand il a cité les cas de la fille et du gendre du président des États-Unis. Au passage, celui-ci a fait remarquer que, contrairement à la rumeur, ce poste n’avait pas été taillé sur mesure pour le nouvel impétrant pour une raison simple : sa création remonte à… 2003.

Joint par téléphone ce weekend, le nouveau porte-parole de la Présidence a enfoncé le clou, dénonçant « un procès d’intention, qui ne repose sur aucun élément si ce n’est les fantasmes de ceux qui tentent bien maladroitement de l’instruire. Imagine-t-on prêter un tel dessein à Ivanka Trump au motif que son père l’a nommée à la Maison Blanche ? », a-t-il fait mine de s’interroger, appelant à « se garder de voir partout et toujours une sorte de plan caché qui a manifestement les atours d’une Chimère»