La chronique des marchés de Vontobel au 9 décembre
by Jean Frédéric Nussbaumer, VontobelNasdaq +1%, SPX +0,91%, Dow +1,22%, Russell +1,18%, SOX +1,56%, Eurostoxx +1,21%, SMI +0,97%.
Wall Street termine bien mieux sa semaine qu’elle ne l’avait débutée, saluant vendredi la publication de créations d’emplois nettement supérieures aux attentes en novembre aux Etats-Unis. L’indice S&P500 (SPX) parvient même à progresser sur la semaine, de 0,16%. En Europe, on suit la voie montré par New York et l’indice Eurostoxx réalise une performance hebdomadaire légèrement négative, de 0,30%. Le SMI (Swiss Market Index) recule quant à lui de 0,28% sur cinq jours.
Les chiffres de l'emploi en novembre outre-Atlantique sont donc ressortis plus solides que prévu. Le nombre de créations d’emplois a atteint 266’000 contre 180’000k attendus par le consensus. Les chiffres de septembre et d'octobre ont en outre été revus en nette hausse (+41’000 sur les deux mois). Le taux de chômage est retombé à 3,5% (-0,1 point) sous l'effet d'un taux de participation en légère baisse (-0,1 point à 63,2%). Ces bons chiffres sont en partie liés au retour au travail des salariés de General Motors, après leur grève historique de 40 jours, mais également à la solidité du secteur de la santé et des services. Quant aux salaires horaires, ils ont aussi augmenté plus vite que prévu, de 3,1% en novembre par rapport à novembre 2018. En moyenne, depuis le début de l'année, l'économie américaine a créé 180’000 emplois chaque mois, contre 223’000 créations mensuelles en 2018. Malgré un ralentissement depuis un an, ces chiffres traduisent la solidité d'un marché proche du plein emploi. Ces bonnes surprises sur le front macro-économique ont été bien accueillies vendredi par les marchés financiers et devraient aussi inciter la Réserve fédérale, qui annoncera sa décision sur les taux ce mercredi, à maintenir le statu quo sur ses taux directeurs. L'outil FedWatch du CME Group, qui reflète l'évolution des contrats à terme sur les «fed funds», estimait d'ailleurs ce vendredi à 99,3% la probabilité d'un statu quo sur ce taux directeur, actuellement fixé à 1,5%-1,75%.
Pour en revenir au marché, le secteur de l’énergie tient la corde vendredi à l’issue de la réunion de l’OPEP+, qui permet au pétrole de revenir à 59 dollars le baril de WTI Light Crude. A l'issue de discussions marathon, l'Opep et ses alliés, dont la Russie, se sont accordés vendredi sur une baisse supplémentaire de production de 500'000 barils/jour en vue de soutenir les cours de l'or noir. Cette réduction va porter l'effort total de limitation de la production à 1,7 million b/j pour l'ensemble du groupe de 24 pays, qui extraient ensemble environ la moitié du pétrole mondial. La Russie, mais surtout l'Arabie saoudite, seront les deux premiers contributeurs à ces quotas renforcés, avec des coupes respectives de 70’000 et 167’000k b/j. L'Arabie saoudite semble décidée à soutenir les cours du brut, et au-delà, le cours de bourse d’Aramco, sa «major» pétrolière, qui fera ses débuts mercredi prochain à la Bourse de Riyad. Quant à la durée de cet effort supplémentaire, qui divise les pays producteurs, elle fera l'objet d'un examen d'étape lors d'une «réunion extraordinaire» début mars 2020 à Vienne. Certains pays ne veulent pas s'engager au-delà de la fin mars, et d'autres souhaitent prolonger les coupes pendant tout le premier semestre, voire toute l'année 2020. Le secteur des utilitaires est laissé de côté, la volatilité recule de 6,2%, l’indice VIX à 13,62, l’or est délaissé et revient à 1458 dollars par once, les obligations gouvernementales n’ont pas la cote, le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 1,82% et le dollar retrouve quelque couleur, la paire eur/usd à 1,1065 ce matin. Le ratio put/calls s’effondre, qui indique que de nombreux investisseurs se sont débarrassés de leurs assurances (puts) et le Wall Street Journal publie un article fort intéressant indiquant que les investisseurs individuels fuient le marché des actions comme rarement depuis des décennies et ne «chassent» pas la hausse des indices. La raison principale de cette rare attitude (quand la bourse monte, cette classe d’investisseurs a tendance à courir après) n’est autre que la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington qui fait craindre à la «wrong way crowd» qu’une récession ne soit en vue. C’est une excellente nouvelle pour les «bulls», les haussiers. D’ailleurs Lipper rapporte ce weekend que les flux d’investissements observés la semaine passée ont montré des entrées de 5 milliards de dollars dans les fonds actions et de 8,7 milliards de dollars dans les ETF (Exchange Traded Funds) en actions. Sur la partie obligataire, sur la même période on enregistre des sorties de 573 millions de dollars.
Cette semaine sera chargée en événements avec la décision de la Fed ce mercredi, celle de la BCE (Banque Centrale Européenne) jeudi, le marché n’attendant pas de mouvement, et de la BNS (Banque Nationale Suisse) jeudi également, là encore le statu quo étant prévu par les économistes. Jeudi se tiendra la très attendue élection générale au Royaume-Uni avec Boris Johnson qui mène actuellement les sondages. Le scénario est simple, si son parti conservateur remporte les élections, alors on peut s’attendre à un Brexit à la fin janvier 2020. Si Boris Johnson perd, alors un nouveau referendum pourrait se tenir et repousser la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne aux calendes grecques. Et ce n’est pas tout, cette semaine nous aurons par ailleurs droit aux statistiques des investissements directs étrangers et à la statistique de l’inflation en Chine, à la production industrielle et au Tankan japonais, à la production industrielle en France, en Italie et en zone euro, au PIB anglais et au rapport allemand ZEW.
AMS réussit son OPA sur Osram après avoir obtenu plus de 55% des actions en circulation, qui était le plancher minimum fixé par l'acquéreur. Le titre AMS en recul de 2,6% dans les premiers échanges. International Flavors & Fragrances et Kerry Group seraient en pole-position pour le rachat de la division nutrition mise en vente par Dupont, qui pourrait valoir 25 milliards de dollars, selon Bloomberg. La fin des enquêtes anticorruption aux États-Unis coûtera à Ericsson la bagatelle de 1 milliard de dollars. Elon Musk (Tesla) a été acquitté dans l'affaire de diffamation sur Twitter qui l'opposait à un britannique. Tesco pourrait se séparer de ses supermarchés en Thaïlande et en Malaisie, a appris le Wall Street Journal, pour un montant pouvant avoisiner 9 milliards de dollars.
Ça commence à faire mal. Les droits de douane américains nuisent à la Chine à un moment où la demande mondiale est déjà faible. Les exportations totales chinoises en novembre ont chuté de 1,1% par rapport à l'an dernier et les expéditions vers les États-Unis ont chuté de 23%. Il s'agit du pire résultat pour les exportations vers les États-Unis depuis février et de la douzième baisse mensuelle consécutive. Toujours en Chine, Pékin a ordonné aux bureaux de l'Etat et aux institutions publiques se séparer de leurs équipements informatiques et les logiciels étrangers dans un délai de trois ans, rapporte le FT. Cette mesure s'inscrit dans un plan plus vaste visant à réduire la dépendance de la Chine à l'égard de la technologie étrangère et à stimuler son industrie nationale.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le vert, la statistique américaine sur l’emploi est passée par là. Tokyo progresse de 0,33% à la cloche avec un dollar/yen à 108,52. Hong Kong et Shanghai sont toutes proches de l’équilibre. À noter la poursuite des manifestations à Hong Kong avec ce weekend 183'000 manifestants selon la police contre 800'000 selon les organisateurs…A Séoul, l’indice KOSPI avance de 0,33%. En Europe la semaine débute en territoire légèrement négatif alors que le future SPX recule de 2 points.