Gaz hilarant : Huit sénateurs du Nord veulent interdire la vente aux mineurs
Meilleur allié des chantilly aériennes, le protoxyde d’azote, gaz utilisé dans les siphons de cuisine, est de plus en plus détourné de son usage culinaire par les jeunes, pour ses effets euphorisants, au point que les sénateurs veulent légiférer.
by Publié leUne proposition de loi à l’initiative de la sénatrice centriste Valérie Létard et de sept autres sénateurs du Nord, département particulièrement touché par cette pratique en nette augmentation, est ainsi à l’ordre du jour du Sénat mercredi.
«Nous sommes au début d’un phénomène qui risque de se répandre», souligne auprès de l’AFP Mme Létard, qui plaide pour la mise en place d’«un arsenal législatif pour limiter les dérives, même si on sait que ce n’est pas parfait».
Très facilement accessible dans le commerce, le protoxyde d’azote, ou encore «proto», se vend sous forme de cartouches de siphon à chantilly. Il est aussi utilisé en milieu hospitalier pour ses propriétés anesthésiques et anti-douleur, où il est connu sous le nom de gaz hilarant. Dans son usage détourné, le gaz que contiennent les cartouches est déversé dans un ballon de baudruche et quelques inspirations provoquent un fou rire irrépressible.
Il y a 15 jours, les autorités sanitaires françaises se sont alarmées d’une «augmentation des cas de troubles neurologiques graves» liés à un usage «récréatif» du gaz hilarant.
Depuis le début de l’année, «25 signalements d’effets sanitaires sévères» ont été enregistrés, dont 10 cas «graves avec des séquelles pour certains», comme des paralysies des membres à des degrés divers. Huit de ces cas graves ont été recensés dans les Hauts-de-France.
Pour le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildeca), Nicolas Prisse, «il est urgent de débanaliser cet usage qui, depuis deux ans, touche de plus en plus de jeunes qui n’ont pas conscience des risques encourus».
«Pas de quoi faire rire»
La mesure phare est l’interdiction de la vente de ce gaz aux mineurs, y compris sur les sites de commerce en ligne. Les industriels auraient en outre l’obligation d’indiquer sur l’emballage la dangerosité du produit.
Aujourd’hui les cartouches sont vendues sans aucune restriction dans les grandes surfaces comme sur internet. Un site de vente en ligne propose sur la même page les accessoires ad hoc : ballons ou même une bouteille de gaz hilarant pour «un gonflement plus rapide des ballons» qui sont «offerts».
L’alerte a été donnée par l’Association des maires du Nord, raconte Valérie Létard. Le «premier signal» a été le nombre grandissant de capsules métalliques vides retrouvées sur la voie publique. À Loos, commune limitrophe de Lille, ce sont 100 kg de ces cartouches qui sont ramassées chaque mois.