Xalé dou mala. (Par Baba Gallé Diallo)
by XalimasoldierUn des points saillants de l’actualité, c’est l’image des talibés enchainés pour les
empêcher de fuir comme jadis les esclaves mais à la seule différence, il s’agit ici de
jeunes innocents qui ne savent se défendre.
Si le fait d’enchainer les talibés ne se justifie pas sous l’angle de la religion
cependant sur le plan culturel certains trouvent des raisons d’infliger de tels sévices à
des corps fragiles en construction. Si certains pensent que ce n’est pas grave,
d’autres s’indigent vivement et crient leur colère sur les toits.
Dans la société africaine, les enfants n’ont pas de droits. Ils n’ont que des devoirs à
accomplir. Ce sont les parents qui décident, quand il s’agit d’aller à l’école des blancs
ou à l’école coranique, de choisir sa femme ou de divorcer. Il n’appartient pas aux
enfants de mener leur vie, en toute indépendance, en dehors des parents et de la
société de type communautaire où l’individualisme est banni et est apparenté à une
hérésie.
Peut-on dire qu’il y a reproduction de la violence exercée sur les talibés ? On ne peut
s’aventurer à affirmer cela sans évidences scientifiques. Mais ce qui certain, il y a
une tolérance, une acceptation pour ne pas dire banalisation de ce type de violence
sur ces enfants.
En outre, est-il possible de comparer la violence exercée par certains maitres
coraniques à celle des parents sur leurs enfants à la maison ? Bien sûr que non mais
l’objectif pédagogique est le même. Il s’agit de les apprendre ce qu’ils doivent faire et
ce qu’ils ne doivent pas faire en tant que talibés ou en tant que fils.
Cette violence exercée sur les enfants obéit consciemment ou inconsciemment à
trois logiques populaires qui influencent le processus de décision et les
comportements.
La première est influencée par « Qui aime bien châtie bien » Cela étant dit, il reste
à prouver que celui qui frappe ou enchaine les enfants le fait par amour. Ce qui est
difficile à établir voire impossible.
Concernant le maitre coranique, on peut se demander si c’était ses enfants, les
enchainera-t-il ? Pour les patents, la question peut également se poser. Dans les
familles, on sait que certains enfants sont victimes de violence du fait qu’ils
représentent le facteur déclencheur de la colère de l’un des parents pour plusieurs
raisons que la pudeur ne me permet d’évoquer.
La seconde est influencée par « si tu fais de ton enfant un roi, quand il sera grand,
lorsqu’il commencera à recouvrir ses impôts, il le commencera par toi ».
Cela veut dire qu’il faut être gentil avec ses enfants mais il ne faut pas exagérer. Ce
qui laisse supposer de les corriger sous des formes qui conviennent aux parents y
compris l’usage de la violence et la privation de mobilité par enchainement.
La troisième est influencée par « Qui bien pâtit, bien s’instruit » La souffrance
résultant de la violence est dans l’imagine collectif et les normes sociétales comme
une « école « qui éduque beaucoup plus que les écoles classiques.
Dans certaines communautés, l’éducation des garçons par la violence physique est
érigée en une règle pédagogique dont l’objectif principal vise à former des hommes.
Dans ce contexte, l’exercice légitime de la violence sur les enfants est lié à la
conception que l’on a de l’homme dans notre société, à la différence de la femme.
« Un homme doit être courageux » « un homme ne pleure pas » « Goor day nieme
lou meti »
Les hommes sont éduqués dans notre société suivant ces normes qui
« légitimisent » l’exercice de la violence et de la souffrance comme règles
pédagogiques. Toutefois, cela ne peut justifier le comportement irresponsable de
certains parents. D’aucuns disent au maitre coranique à qui ils confient leur enfant
« may nalako , yaxam lala ladj (je te l’ai donné pour de bon ). Ce contrat,
socialement désastreux exclut dans son esprit, la possibilité de revoir son enfant
encore moins de le reprendre.
Un enfant que l’on a conçu avec amour ou sans amour, la chaire de ton chaire,
comment peut-on le donner à quelqu’un comme on donnerait une chemise ou un
pantalon ou des chaussures ?
Les parents ont l’impérieux devoir de protéger leurs enfants du fait de leur fragilité
biologique, sociale et économique. Ce devoir de protection implique le respect de
tous les droits des enfants. Malheureusement, les parents qui doivent respecter les
droits des enfants, sont les premiers à les violer. Au total, aucune logique ne justifie
la violence physique exercée sur les enfants talibés ou non talibés.
XALE DOU MALA
Vive le Sénégal !
Vive la République !
Par Baba Gallé Diallo
Email : babadediana@gmail.com