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D'où proviennent les fonds à l'origine de l'immense patrimoine accumulé en France par Rifaat al Assad, oncle de Bachar et lui-même haut dignitaire du régime syrien jusqu'à sa disgrâce, en 1984 ? Voilà à quoi devraient se résumer les débats lors du procès pour blanchiment et détournement de fonds publics de l'ex-chef des forces d'élite de la sécurité intérieure syrienne, qui s'ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau Charles Platiau

France: Un oncle Assad jugé pour des soupçons de détournements colossaux

par Simon Carraud

PARIS (Reuters) - D'où proviennent les fonds à l'origine de l'immense patrimoine accumulé en France par Rifaat al Assad, oncle de Bachar et lui-même haut dignitaire du régime syrien jusqu'à sa disgrâce, en 1984 ?

Voilà à quoi devraient se résumer les débats lors du procès pour blanchiment et détournement de fonds publics de l'ex-chef des forces d'élite de la sécurité intérieure syrienne, qui s'ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Sous la conduite du juge Renaud Van Ruymbeke, les enquêteurs ont répertorié, entre autres, deux hôtels particuliers dans les beaux quartiers de Paris et un château trônant dans un domaine de 45 hectares dans le Val-d'Oise, le tout pour une valeur estimée à 90 millions d'euros.

D'après l'ordonnance de renvoi que Reuters a pu consulter, Rifaat Assad ne détient pas ces biens directement, pour la plupart, mais via des sociétés offshores siégeant à Curaçao, dans les Caraïbes, ou au Luxembourg.

Toujours selon les enquêteurs, la famille al Assad s'est taillé un empire immobilier plus impressionnant encore en Espagne, où ses centaines de propriétés sont évaluées à 691 millions d'euros, et fut propriétaire de la deuxième plus vaste résidence privée de Londres, derrière Buckingham Palace.

Durant l'instruction, l'ex-haut gradé a fait état de dons de la famille royale saoudienne mais ces explications n'ont pas convaincu Renaud Van Ruymbeke, pour qui les dates et les montants ne collent pas.

Pour le magistrat, Rifaat al Assad a en réalité détourné de l'argent syrien et s'est efforcé de le blanchir.

Une thèse que tentera de démonter la défense lors des débats, qui doivent s'étaler jusqu'au 18 décembre.

"Nous allons prouver que l'intégralité du patrimoine de M. al Assad a été acquis de façon parfaitement légale", a dit à Reuters l'un de ses avocats, Me Julien Visconti.

Les juges se plongeront dans les méandres de la finance internationale mais aussi dans l'histoire de la Syrie, un pays que l'accusé a quitté une première fois en 1984, à la suite d'un coup d'Etat avorté contre son frère, Hafez al Assad.

Avant son exil, Rifaat al Assad a joué un rôle essentiel dans l'appareil sécuritaire syrien et c'est à ce titre qu'il a participé aux opérations qui ont conduit, en 1982, au massacre de Hama qui a fait plusieurs milliers de morts.

Aujourd'hui âgé de 82 ans et domicilié à Londres, le frère de l'ex-président syrien sera absent à l'audience "pour raisons médicales", selon sa défense.

(Edité par Sophie Louet)