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Donald Trump, jeudi, sur la base aérienne de Bagram, en Afghanistan.(Reuters)

Afghanistan : pourquoi Donald Trump veut relancer les négociations avec les talibans

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Pour sa première visite en Afghanistan jeudi, Donald Trump a indiqué qu'il allait relancer les pourparlers avec les talibans. Voici pourquoi les Etats-Unis négocient avec leurs ennemis.

Donald Trump a fêté Thanksgiving sur la base aérienne de Bagram, en Afghanistan, jeudi soir. Le secret avait été bien gardé, même pour les journalistes accompagnant le président américain, qui n'ont appris leur destination que deux heures seulement avant d'atterrir. Sur place, le milliardaire républicain a annoncé la reprise des pourparlers avec les talibans : "Ils veulent vraiment trouver un accord", a-t-il assuré. Un porte-parole du groupe a confirmé à l'agence Reuters qu'ils étaient en effet "prêts à reprendre les discussions".

Début septembre, le milliardaire avait pourtant fermé la porte à un accord après un attentat revendiqué par les talibans qui avait coûté la vie d'un soldat américain. Il avait même ajouté que ces pourparlers étaient "terminés pour de bon". Mais 18 ans après le début de la guerre et à quelques mois de l'élection présidentielle américaine, le locataire de la Maison-Blanche a finalement atténué sa position. Voici pourquoi il est de nouveau prêt à négocier avec l'ennemi.

Donald Trump est à la recherche d'une victoire politique

Son voyage surprise en Afghanistan, le premier depuis qu'il est élu, était déjà une façon en soi de flatter une partie de l'électorat conservateur, mais l'annonce de Donald Trump jeudi de relancer les négociations avec les talibans va plus loin. Le président américain espère en effet obtenir un précieux succès sur la scène internationale, à 11 mois de la présidentielle de 2020.

Très actif à l'international, où il a remis en cause l'accord sur le nucléaire iranien, traversé la DMZ pour rencontrer le nord-coréen Kim Jong-un et déclenché une guerre commerciale avec la Chine, le milliardaire manque d'une victoire politique qu'il pourrait brandir au cours de la campagne qui vient. En trouvant une issue à la plus longue guerre de l'histoire des Etats-Unis, il aurait en main un argument de poids à faire valoir.

Il a toujours promis de se désengager des zones de conflit

Pendant sa campagne présidentielle de 2016, Donald Trump avait promis de désengager au maximum ses troupes des zones de conflits dans lesquelles elles étaient engagées. Il s'y est efforcé en Syrie notamment. En Afghanistan, où il a été forcé d'envoyer des troupes supplémentaires au cours de l'été 2017, portant à 14.000 le nombre de soldats américains sur place, sa logique est similaire. "L'opinion américaine pousse dans ce sens", rappelait début octobre le chercheur à l'Iris Karim Pakzad, dans Le Point.

"Je pense que tout le monde est fatigué. Nous devons nous sortir de ces guerres sans fin et ramener nos gars à la maison", a rappelé Trump en février dernier, ajoutant lors de son discours sur l'état de l'Union : "Les grandes nations ne se combattent pas dans des guerres sans fin." Jeudi, dans son discours devant les soldats, il a affirmé que la guerre d'Afghanistan ne se "décider[ait] pas sur le champ de bataille". "A la fin il faudra une solution politique", a-t-il dit, "qui sera décidée par les habitants de la région".

Les talibans sont ouverts à des négociations

Enfin, les Etats-Unis sont en mesure de négocier car leur interlocuteur - bien qu'ennemi - y est favorable. Zabihullah Mujahid, un porte-parole du groupe, a indiqué vendredi à Reuters que les talibans étaient "prêts à reprendre les discussions". L'agence de presse ajoute que le groupe n'a jamais rompu les pourparlers avec les émissaires américains et qu'une réunion a encore eu lieu le week-end dernier à Doha (Qatar).

"Leur discours semble avoir évolué. Ils reconnaissent avoir fait des erreurs dans le passé [...] Les Américains croient également à un changement de comportement", estimait récemment le spécialiste Karim Pakzad. L'accord qui "était sur le point d'être conclu en septembre prévoyait un début de retrait des troupes américaines en échange de garanties de la part des talibans de "réduction de la violence" et d'ouverture de négociations directes avec les autorités afghanes à Kaboul. Un projet d'accord qui ne fait pas l'unanimité.

"J'ai des réserves sérieuses sur la sincérité des engagements pris par les talibans", indiquait mi-septembre au JDD David Petraeus, l'ancien commandant de la coalition à Kaboul. Pressé de partir et d'obtenir un succès politique, Donald Trump n'est pas en position idéale pour négocier. Ryan Crocker, ancien ambassadeur américain à Kaboul, mettait en garde en février : "Les talibans vont offrir un certain nombre d'engagements, sachant que lorsque nous serons partis et que les talibans seront de retour, nous n'aurons les moyens de faire respecter aucun d'entre eux."