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La mezzo-soprano Vivica Genaux joue souvent des rôles écrits pour des hommes sur les scènes d'opéra.SP - Ribalta Luce

La Chaux-de-Fonds: Vivica Genaux et Lawrence Zazzo pour un concert à l’unisson

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La mezzo-soprano Vivica Genaux et le contre-ténor Lawrence Zazzo mélangeront les genres et leurs voix ce dimanche 1er décembre à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds, accompagnés de l’ensemble allemand Lauten Compagney Berlin.

En Alaska, la vie est rude et les près de neuf mois d’hiver parfois pesant. A Fairbanks, où elle a grandi dans les années 1970 et 1980, Vivica Genaux trompait le froid et l’ennui en s’intéressant aux nombreux artistes de passage dans sa ville natale et en cultivant sa culture musicale.

Grand bien lui en a pris, puisque des décennies plus tard, à 50 ans pile cette année, la cantatrice est devenue l’une des mezzo-sopranos les plus incontournables des scènes d’opéra du monde entier.

Ce dimanche, c’est avec le contre-ténor américain Lawrence Zazzo et l’ensemble allemand Lauten Compagney Berlin qu’elle montera sur les planches de la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds, pour un exercice de style bien particulier: les tessitures entremêlées des deux chanteurs s’accorderont sur un programme dévolu à la musique baroque des 16e et 18e siècles. Une époque qui aimait jouer avec la confusion des genres, les femmes assumant des rôles d’hommes et les hommes, souvent des castrats, des rôles de femmes.

Avec leurs «Gender Stories», Vivica Genaux et Lawrence Zazzo nous plongeront dans cette confusion à travers des airs de Johan Adolf Hasse, Nicola Antonio Porpora, ou encore Georg Friedrich Haendel.

«Trouser roles»

Vive et acrobatique dans les aigus, colorée et profonde dans les basses, la voix de Vivica Genaux, entre soprano et alto, impressionne par les prouesses techniques dont elle est capable.

Et de fait, la cantatrice peut se targuer de compter près d’une trentaine de «trouser roles» dans son répertoire, ces rôles de travestis chantés par des femmes qui jouent un homme. Roméo chez Bellini, Orphée chez Gluck, Rinaldo chez Haendel…

«Mon premier rôle de travesti, c’était dans une pièce de Donizetti, où je jouais un prince important. J’ai dû apprendre à être plus solide, plus puissante», nous conte l’Américaine, qui devait chanter avec une moustache sous le nez pour l’occasion. «Comme dans les peintures du Caravage, la beauté de ces rôles se trouve dans l’androgynie. Mais c’est plus une question de rechercher l’émotion que de la masculinité ou de la féminité».

Sa carrière, démarrée du côté de Rossini, Bellini ou encore Donizetti dans les années 1990, a pris un nouveau tournant lorsqu’elle a abordé le chant baroque. «C’est avec la musique baroque que j’ai réalisé le pouvoir que pouvait avoir une femme. D’avoir compris ça, ça a changé ma vie, ma vision des choses. Chez Bellini ou Donizetti, les femmes sont délicates, et elles n’ont pas beaucoup d’options. Elles meurent ou deviennent folles… Dans le baroque, ce sont des femmes fortes!»

Infos pratiques

Salle de musique de La Chaux-de-Fonds, dimanche 1er décembre à 17 heures.