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Mgr Barbarin, le 29 novembre, à son arrivée à la Cour d'appel de Lyon. ©KONRAD K./SIPA

Mgr Barbarin : pourquoi le parquet demande la relaxe

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Alors que la pression médiatique s’est encore exercée à la veille du procès en appel du cardinal Barbarin, le parquet est revenu au droit en réclamant la relaxe. Décision attendue pour le 30 janvier prochain.

A la veille de la condamnation en première instance du cardinal Philippe Barbarin, le 7 mars dernier, pour “non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs”, la sortie fortement médiatisée du film de François Ozon, Grâce à Dieu, brossant un tableau de l’affaire chargeant lourdement le cardinal, avait projeté son ombre portée sur les débats. Cette fois-ci, alors que l’archevêque de Lyon, aujourd’hui en retrait de son diocèse qui a été confié en juin par le pape à un administrateur apostolique, Mgr Michel Dubost, était jugé en appel ces 28 et 29, c’est l’Obs qui s’est chargé du coup de pression médiatique en affichant en “une” de son édition du 21 novembre une pseudo enquête journalistique bourrée d’approximations, de contre-vérités et de procès d’intention qui masquaient mal que ce qui était avant tout reproché par l’hebdomadaire au cardinal étaient son positionnement conservateur, jugé “d’un autre temps”. Les associations de victimes, de leur côté, ne sont jamais cachées de la volonté de faire du procès de Mgr Barbarin un exemple, une condamnation emblématique du silence de l’Église sur la pédophilie. C’est dire que le contexte qui entoure depuis des mois le procès Barbarin ne concourait pas vraiment à un jugement équitable et serein. 

C’est ainsi que “l’affaire Preynat”, du nom de ce prêtre lyonnais ayant commis des abus sexuels sur des enfants sous les mandats des prédécesseurs de Mgr Barbarin, et qu’il est aujourd’hui accusé d’avoir couvert, s’est constamment trouvée éclipsée par “l’affaire Barbarin” – le procès du père Preynat n’aura d’ailleurs pas lieu avant janvier 2020, dans une curieuse inversion judiciaire. Sans qu’il soit jamais apporté de réponse sur le fond à l’interrogation que n’a cessé de répéter la défense du cardinal : pourquoi reprocher à celui-ci de ne pas avoir dénoncé des faits qui alors étaient prescrits, alors que ni les parents des victimes ni celles-ci, quand elles furent en âge de le faire, n’ont elles-mêmes porté plainte ? « Pourquoi attend-on de moi, a répété Mgr Barbarin à la barre ce 28 novembre, que je porte plainte, vingt ans après, alors que des paroissiens et des parents ne l’ont pas fait à l’époque ? »

A l’issue des deux journées d’audience devant la cour d’appel de Lyon, les 28 et 29 novembre, l’avocat général Joël Sollier, au nom du parquet, a donc voulu revenir au droit, et non pas s’en tenir au ressentiment, aussi légitime soit-il, des parties civiles vis-à-vis de l’institution qu’incarne Mgr Barbarin dans sa gestion des affaires d’abus sexuels sur mineurs. Car la justice, a rappelé l’avocat général, « ne se prononce pas sur un phénomène dans son ensemble mais sur des cas individuels. Elle doit dire si un homme est coupable des actes dont on l’accuse conformément au droit existant, à un moment donné, dans une société donnée » - et non pas, comme il reproche aux juges de première instance de l’avoir fait, « enfermer la décision judiciaire dans la sphère symbolique ». Or la justice, a estimé M. Sollier, ne peut raisonnablement condamner Mgr Barbarin pour la non-dénonciation de faits prescrits, puisque cette prescription fait tomber avec elle la possibilité même d’entrave à la justice. Par ailleurs, l’avocat général a également souligné que cette obligation de dénonciation n’existait que si un « état de vulnérabilité ou de minorité » empêchait la victime d’y procéder elle-même : ce qui n’était pas le cas dans l’affaire Barbarin.

On saura le 30 janvier si la cour d’appel a suivi l’avocat général dans son appel à une « décision raisonnée et sereine ». Quel que soit le jugement final, on lui saura gré d’avoir su rappeler que la justice n’a jamais rien à gagner à s’affranchir du droit.