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Des participants au sit-in organisé devant le siège de l'UE à Beyrouth pour réclamer le retour des réfugiés syriens et palestiniens, le 29 novembre 2019. Photo Ani

Retour des réfugiés vs. condamnations du racisme : rassemblements parallèles devant le siège de l'UE

Si les participants au sit-in en faveur du retour des réfugiés syriens se défendent de toute appartenance partisane, le CPL confirme que ses partisans ont participé à cette action. 

Deux rassemblements parallèles ont eu lieu vendredi devant le siège de l'Union européenne à Beyrouth, axés sur la présence des réfugiés palestiniens et syriens au Liban. Alors que d'un côté de la route, une dizaine de manifestants, en majorité des femmes, réclamaient le départ des réfugiés du Liban, de l'autre, des protestataires leur répondaient et dénonçaient des slogans "racistes et xénophobes".

La manifestation réclamant le rapatriement des réfugiés syriens a été appelée, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), par l'organisation Lebanon Uprise. Réunis devant la délégation européenne, dans le quartier de Zokak el-Blatt, les manifestants, brandissant des drapeaux libanais, appelaient à "un retour rapide et en toute dignité des réfugiés et déplacés". "Nous voulons manger, vivre et que les déplacés rentrent chez eux. Nous ne voulons au Liban que le peuple libanais", scandaient-ils. Se défendant de tout racisme, les contestataires affirment que le pays ne peut plus supporter le poids des réfugiés. "Les Libanais sont devenus des réfugiés dans leur propre pays", déplore une manifestante. Prenant la parole au nom de Lebanon Uprise, Rima Antonios a souligné que cette organisation est "un regroupement de Libanais et Libanaises réunis autour d'une cause commune : le retour des réfugiés". "Nous savons que la situation économique périclite et que le coût de la présence des réfugiés est élevé", a-t-elle ajouté. "Nous sommes choqués par la question, abondamment discutée ces derniers temps, de l'intégration des réfugiés, qui est une question très dangereuse parce qu'elle pourrait ouvrir la voie à la naturalisation", a encore souligné Mme Antonios.

Bien que les participants à ce sit-in se soient défendus de toute appartenance partisane, la vice-présidente du Courant patriotique libre pour les affaires politiques, May Khoreiche, a confirmé à L'Orient-Le Jour que des partisans aounistes étaient présents à cette manifestation. Elle a annoncé que des rassemblements sur un thème similaire seront organisés à l'avenir par le CPL.

Le rapatriement des réfugiés syriens est un des thèmes de prédilection du parti aouniste et de son chef, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Selon le discours du CPL, le territoire syrien est désormais majoritairement sûr, ce qui justifierait un retour massif des réfugiés.

(Lire aussi : La tension monte devant la TVA à Beyrouth, d'autres sit-in se poursuivent à travers le pays)

"Rejeter la haine"
A quelques pas de ce rassemblement, plusieurs dizaines de personnes déclaraient "rejeter la haine". "Notre révolution est dirigée contre l'injustice, pas contre ceux qui en souffrent", scandaient ces contre-manifestants, dénonçant "le racisme, mal absolu". "Les réfugiés ne sont pas nos ennemis", ajoutaient-ils. "Qui a causé la dette publique? Les réfugiés ou les dirigeants imbéciles?", criaient-ils, affirmant que la crise actuelle que connaît le pays n'est pas le résultat de la présence des réfugiés.

Une des participantes au sit-in, Zeina Ammar, a affirmé que ce contre-rassemblement a été lancé "après avoir vu les invitations à la manifestation de Lebanon Uprise sur Facebook". "Nous estimons que les responsables politiques et leurs politiques économiques corrompues sont la cause de la crise actuelle", a-t-elle déclaré à l'Ani. Et Mme Ammar d'estimer que "l'économie libanaise n'est pas productive, ne crée pas de nouvelles opportunités d'emplois, et cela était déjà le cas avant l'arrivée des réfugiés".

(Lire aussi : Osez... ou la porte ! Le commentaire d’Élie Fayad)

"Séjour temporaire au Liban"
Entre ces deux groupes, les forces de sécurité intérieure se sont déployées afin d'éviter tout dérapage.

Réagissant à ces rassemblements, l'UE a affirmé dans un communiqué qu'elle "n'a jamais préconisé l'implantation ou l'intégration des réfugiés syriens au Liban". "Nous sommes d'accord avec nos homologues libanais pour dire que le séjour des réfugiés syriens au Liban est temporaire, a souligné l'UE. Nous sommes également d'accord sur le fait que leur retour doit se faire tant qu'il est volontaire, digne, sécurisé et en accord avec le droit international". La délégation européenne précise que "toute décision concernant le séjour ou le départ des réfugiés syriens ne revient pas à l'UE", saluant l'accueil fait par Beyrouth "aux personnes qui fuient le conflit syrien". Dans ce contexte, la représentation diplomatique a souligné qu'il était de sa responsabilité "de répondre aux besoins des réfugiés autant que de la communauté-hôte". Et de préciser que le soutien accordé par l'UE au Liban avait été considérablement augmenté dernièrement.

Depuis plusieurs jours, des informations circulent sur les réseaux sociaux, prétendant que l'aide internationale qui pourrait être accordée au Liban est conditionnée par la naturalisation des réfugiés. La Constitution libanaise, dans son préambule, rejette toute implantation.

Le Liban accueille plus d'un million de réfugiés syriens ayant fui le conflit qui ravage leur pays depuis 2011, en plus de 130 000 réfugiés palestiniens depuis la création de l’État d'Israël en 1948.

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