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L’archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, a sa sorti de la cour d’appel de Lyon ce vendredi. PHOTO AFP - AFP

Pas de condamnation requise au procès Barbarin : « Est-ce que la douleur est le droit ? »

Entre le traumatisme des victimes, le symbole et les faits de non-dénonciation, par l’archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, des crimes sexuels d’un prêtre sur mineurs, la frontière est ténue et fragile. Le cardinal avait été condamné à six mois de prison avec sursis en première instance. Le jugement en appel est mis en délibéré au 30 janvier 2020.

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« Que nous n’ayons pas été très bons, soit, mais de là à dire que l’on a fait obstacle à la révélation des faits, c’est faux. »
« Vous avez, monsieur Barbarin, raté votre rendez-vous avec l’histoire. Elle aurait pu élever votre âme, vous donner une autre dimension. »

Le procès en appel du cardinal Barbarin, condamné en premier instance à six mois de prison avec sursis, s’est conclu ce vendredi à Lyon sur la même incompréhension qu’en janvier.

D’un côté, les parties civiles qui accusent l’archevêque de Lyon, comme Me Raphaëlle Hovasse pour Christian Burdet, un des neuf plaignants, de ne « pas écouter la souffrance des victimes ». De l’autre, on réfute à tous crins la symbolique, la morale pour clamer, tel Me Jean-Félix Luciani : « Est-ce que la douleur est le droit ? »

Pourtant, le défenseur de Philippe Barbarin reconnaît des erreurs, des maladresses de la part de son client : « Que nous n’ayons pas été très bons, soit, mais de là à dire que l’on a fait obstacle à la révélation des faits, c’est faux. »

Le cardinal aurait pu notamment convoquer le père Bernard Preynat bien avant le 31 mars 2010 sur toutes les rumeurs qui l’accablaient. Ou au moins le questionner sur les actes pédophiles avoués. Ou encore l’écarter de la fréquentation des mineurs avant septembre 2015.

Prescription ou pas, il aurait pu également se tourner vers la justice lorsqu’Alexandre Hezez lui décrit les abus du père Preynat à l’été 2014. Pour l’avocat général, qui ne requiert pas de condamnation, les faits de non-dénonciation ne sont pas constitués.

Sanctionner le cardinal pour l’Église ?

Cette passivité confine-t-elle à la complicité afin de protéger l’institution ? « On a envie de sanctionner Philippe Barbarin avec l’Église ou l’Église avec Philippe Barbarin », regrette Me Luciani. « Cette affaire est typique de notre époque », conclut le doyen des avocats lyonnais, Me André Soulier, qui a connu tous les archevêques de Lyon incriminés dans l’affaire depuis 1991.

Le défenseur de Stéphane Hoareau, Me Yves Sauvayre se désole que l’accusé n’ait pas fait un geste durant le procès : « Vous avez, monsieur Barbarin, raté votre rendez-vous avec l’histoire. Elle aurait pu élever votre âme, vous donner une autre dimension. Le rendez-vous avec la justice doit être réussi. »

Le cardinal aura une brève parole à la sortie de l’audience : « Je veux dire aux victimes que je ne pense qu’à elles. »

La cour d’appel de Lyon a mis son jugement en délibéré au 30 janvier 2020. Juste après le procès du père Bernard Preynat qui se déroulera enfin du 13 au 17 janvier à la cour d’assises de Lyon. Drôle de concomitance.