Femme enceinte tuée par des chiens dans l'Aisne : où en est l'enquête ?
by franceinfoElisa Pilarski, enceinte de six mois, a été retrouvée morte dans la Forêt de Retz près de Rébénacq, samedi 16 novembre. Les analyses ADN n'ont pour l'instant rien donné.
Elisa Pilarski était enceinte d'un petit garçon qui aurait dû s'appeler Enzo. Samedi 16 novembre, alors qu'une chasse à courre est organisée dans la forêt de Retz (Aisne), cette jeune femme de 29 ans décide d'aller y promener son chien Curtis, comme à son habitude. Entre 13 heures et 13h30, elle est victime d'une attaque. A 15 heures, elle est retrouvée morte par son compagnon. Cause du décès : plusieurs morsures de chien sur la partie supérieure du corps et à la tête. Le drame va ébranler le village, la famille d'Elisa et son compagnon Christophe, puis déclencher une polémique sur la chasse à courre. Voici tout ce que l'on sait de l'affaire Elisa Pilarski.
Que sait-on des causes et des circonstances de la mort ?
Dès lundi 18 novembre, les premiers résultats de l'autopsie confirment que la mort d'Elisa est due à "une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chien aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu'à la tête". Ce samedi 16 novembre, Christophe, le compagnon d'Elisa, explique avoir reçu un premier appel peu après 13 heures. La jeune femme lui aurait indiqué qu'elle avait été attaquée par "plusieurs chiens" qui l'auraient mordue "au bras et à la jambe". Après avoir tenté de l'appeler "à 35 reprises", Christophe se rend sur place. Il arrive 45 minutes plus tard, vers 14 heures.
Christophe assure avoir croisé sur le chemin un cavalier participant à une chasse à courre, Jean-Charles Métras, qui se trouve être le commandant du groupemement de gendarmerie de l'Aisne. Christophe l'aurait averti de la présence de son chien, Curtis, qu'Elisa promenait et qui aurait pu s'éloigner de sa maîtresse. Le compagnon de la victime assure que le gendarme lui aurait répondu : "A votre place, je m'inquièterais plus pour votre chien que pour les miens..." Une version formellement démentie par l'intéressé.
Au Parisien, Christophe décrit le moment où il retrouve Curtis : "Il ne bougeait pas, me regardait et se trouvait à trois mètres de ce que j'ai pris pour un tronc d'arbre, avant de comprendre qu'il s'agissait du corps de ma femme." Le compagnon d'Elisa rajoute que la jeune femme était "dénudée, en soutien-gorge, le pantalon baissé". Il explique aussi avoir vu, dans la foulée, passer une meute d'une trentaine de chiens.
Où en est l'enquête ?
A quels chiens sont dues les morsures qui ont causé la mort d'Elisa ? Au croisé lévrier du couple, Curtis, ou aux 21 chiens participant à la chasse à courre qui se tenait non loin du lieu où la jeune femme est morte ? Pour le savoir, des prélèvements génétiques ont été effectués sur 67 chiens : les 5 American Staffordshire d'Elisa Pilarski et 62 chiens appartenant à l'association "le Rallye la passion" organisatrice de la chasse, présidée par Sébastien Van den Berghe. A ce jour, les résultats ne sont pas encore connus. Ils pourraient ne pas l'être avant un certain temps.
Ce même Sébastien Van den Berghe a été auditionné six heures durant par les gendarmes samedi 16 novembre, jour de la mort d'Elisa. Il a bien confirmé "qu'il avait croisé Christophe, totalement en panique, un peu après 14 heures". Selon lui, un autre cavalier aurait "croisé un autre chien qui a été un peu agressif avec son cheval", sans précisions sur la race.
Pour la société de vénerie, qui regroupe les associations de chasse à courre françaises, "aucun des chiens de chasse" ne peut être impliqué car aucun d'entre eux n'aurait été mordu. "On ne peut pas imaginer que Curtis, un chien de combat, (...) ait laissé sa maîtresse se faire dévorer sans la défendre ! Or, des vétérinaires ont inspecté les 62 chiens de l'équipage – 21 participant à la chasse et 41 restés à la propriété – et aucun ne présentait de traces de morsure", a déclaré jeudi 21 novembre Antoine Gallon, directeur de la communication de la société de vénerie.
Qu'est-il advenu de Curtis, le chien du couple ?
Le chien Curtis a été placé à la fourrière et soumis à "un examen comportemental", explique le procureur de Soissons au Parisien, vendredi 29 novembre. Contrairement à ce qu'affirmait une pétition en ligne, il n'est pas question de l'euthanasier, du moins pour l'instant. Des prélèvements ADN ont également été réalisés sur sa muselière, retrouvée non loin du corps.
Pour l'avocate des proches d'Elisa, Caty Richard, "il est évident que l'on trouvera sur le corps d'Elisa l'ADN de Curtis, parce qu'il s'agit du chien qu'elle promenait, avec lequel elle était tout le temps en contact". Raison pour laquelle l'avocate demande à ce qu'"au-delà de l'ADN", "il conviendra de mettre en perspective les traces de morsures et les empreintes de mâchoires des chiens en cause".
Christophe rappelle au Parisien qu'Elisa et lui étaient passionnés d'animaux, fréquentaient tous deux les concours canins et possédaient donc cinq chiens. "A la base, Curtis était à moi, mais rapidement Elisa et lui étaient devenus inséparables, à tel point que ce n'était presque plus le mien", se remémore-t-il. "Pour moi, c'est la chasse à courre, les chiens sortaient de ce précipice, Curtis a reçu beaucoup de morsures à la tête", a-t-il déclaré.
Les obsèques d'Elisa Pilarski et de son fils, Enzo, qui sera enterré avec elle, auront lieu le samedi 30 novembre à Rébénacq (Pyrénées-Atlantiques). La famille insiste pour que ce moment, strictement intime, ne fasse l'objet d'aucune récupération, la mort d'Elisa ayant déclenché une vive polémique sur la chasse à courre.