Le "köpskam", la tendance "anti Black Friday" ven…
Quatre jeans, trois T-shirts, deux pulls, une nouvelle paire de baskets… Les remises de folie sont à la mode en ce jour du Black Friday. Mais face à cette grande messe de la consommation, des irréductibles luttent. En Suède, une tendance est même née : le köpskam, la honte (skam) de faire des achats (köp).
Début 2019, le Flygskam, la honte de prendre l’avion, s’empare de la Suède. De plus en plus de personnes, la plupart inspirée par la jeune Greta Thunberg, se tournent vers le train, par souci écologique. En quelques mois, le Flygskamfait baisser la fréquentation des vols 3,8%, estime Libre ECO.
Le köpskam n’est autre que son petit frère. Ce néologisme, apparu depuis peu, prend de l’ampleur dans le pays scandinave. Il désigne l’humiliation et la honte ressentie à l’idée d’acheter des vêtements. Il s’attaque à l’industrie de la mode, à la fast fashion et à la surconsommation. Sa première victime ? La Fashion week de Stockholm, annulée pour son mauvais bilan carbone.
Le poids du textile sur l’environnement
Car la mode pèse lourd sur la planète. Le textile est l’une des industries les plus polluantes au monde : elle serait même sur la deuxième marche du podium. Elle produit 20% des eaux usées mondiales et 10% des émissions carbone. Elle est également très gourmande en matières premières, notamment de coton, dont la culture cause beaucoup de tort à l’environnement. Pour un jean, un rapport de l’ONU estime ainsi qu’il faut 7 500 litres d’eau, soit l’équivalent de l’eau bue par un être humain pendant sept ans !
Mais il y a aussi le problème de la surconsommation : addiction à la mode, achat compulsif… Avec l’arrivée dans les années 2000 de la fast-fashion ou "mode jetable," la durée de vie d’un vêtement a été réduite de moitié. Selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), cité parLe Monde, la quantité de vêtements achetés dans l’Union européenne (UE) a augmenté de 40% entre 1996 et 2012 mais plus de 50% de notre garde-robe ne serait pas portée. Sur les 80 milliards d’habits produits, plusieurs millions de tonnes finissent dans les décharges.
Le köpskam en France
Le köpskam a donc toutes ses chances de s’implanter en Suède où l’écologie y est bien développée. Mais qu’en est-il France ? D’après Le Monde, le köpskam reste encore discret, d’autant plus qu’il est "difficile d’établir un lien précis entre un sentiment diffus et des comportements de consommation aux motivations multifactorielles."
Il faut tout de même noter que le marché de l’habillement a connu en 2018 un recul de 2,9% de ses ventes, estime l’Institut français de la mode. Les consommateurs sont également de plus en plus tenter par le marché de la seconde main : en 2019, près de 2 Français sur cinq ont acheté des vêtements d’occasion, indique L’ADN. Le köpskamer a peut-être un bel avenir.