https://www.lopinion.fr/sites/nb.com/files/styles/w_838/public/styles/paysage/public/images/2019/11/mohamed_laqhila_et_anne-laurence_petel_sipa.jpg?itok=D0LA9k9K
Les députés de la majorité, Mohamed Laqhila investi par le Modem et Anne-Laurence Petel choisie par La République en marche pour les municipales à Aix-en-Provence.
© Sipa Press

Municipales: à Aix-en-Provence, En Marche et le MoDem sont passés du traité de paix à la bataille

La République en marche et le MoDem ont chacun investi un candidat différent pour les municipales. Mohamed Laqhila, soutenu par le parti de François Bayrou, a proposé à sa concurrente une étonnante « convention d’accord préélectoral » pour partir au scrutin unis – sans succès jusqu’ici

by

« Ils ont fait un truc très pro », souffle, impressionné, un cadre du MoDem, pourtant rompu à l’art des négociations d’appareil. Ce « truc », que l’Opinion s’est procuré, tient en six pages et porte le titre de « convention d’accord pré-électoral pour une liste d’union pour Aix-en-Provence ». Il résume toutes les conditions qui permettraient de réunir derrière une seule tête de liste le MoDem, Agir, les radicaux, La République en marche et une partie de la société civile, en vue des élections municipales de mars 2020.

Il faudrait au minimum cela pour espérer mettre fin au règne des Joissains commencé avec Alain en 1978, poursuivi avec sa fille, Maryse, élue depuis 2001. Et pourtant, Mohamed Laqhila (MoDem) et Anne-Laurence Petel (LREM) persistent à brandir l’investiture qu’ils ont chacun reçue de leur parti.

Alors, les progressistes aixois se sont creusé la tête pour rédiger un accord inédit dans sa forme. Celui-ci tient pour principal point l’organisation d’un sondage visant à choisir le ou la numéro 1 de cette liste d’union. Tout y est prévu, de la formulation des questions (notoriété, bonnes opinions, intentions de vote) à la composition de l’échantillon représentatif, le tout livré à un institut professionnel qui recevrait « l’approbation unanime des signataires » de l’accord. Le coût de l’étude serait assumé à hauteur égale par les quatre impétrants : Anne-Laurence Petel, Mohamed Laqhila, Charlotte De Busschère et Dominique Sassoon, ancien suppléant de la députée Petel, déçu de ne pas avoir été choisi par En Marche.

Le document a fait l’objet de nombreuses réunions et ajouts si bien qu’il contient dans sa dernière version, en plus de l’organisation de ce sondage, l’engagement à ne pas nouer d’accord avec la majorité LR sortante et un ensemble de grands principes qui s’appliqueraient à la future équipe municipale (limitation à deux ou trois mandats dans le temps, mise en place d’une commission d’éthique…).

Point mort. Au final, tous ces efforts n’ont servi à rien. Anne-Laurence Petel a refusé de le signer. « Les points d’achoppement, y compris programmatiques, sont très nombreux », dénonce la députée LREM. Pour elle, un député de Marseille ne peut représenter la ville voisine d’Aix : « François Bayrou lui-même est venu rappeler lors de notre campus de rentrée l’importance de l’ancrage local. » L’élue aixoise conclut : « Mohamed Laqhila est obnubilé par les sondages alors qu’il faudrait plutôt définir notre positionnement par rapport aux écologistes. Or, il a défendu l’amendement octroyant des avantages fiscaux à l’huile de palme. » Le camp Laqhila répond que cet amendement était soutenu par le gouvernement, ce qui n’a pas empêché Anne-Laurence Petel de recevoir, à Aix, la secrétaire d’Etat, Agnès Pannier-Runacher.

La situation est aujourd’hui au point mort. « Je reste ouverte aux discussions à condition que Mohamed Laqhila rejoigne une union dont je serais la tête de liste », assure Anne-Laurence Petel. « Elle a pensé qu’en multipliant les conditions qui pourraient la faire signer ce document, on finirait par lâcher l’affaire. Mais tout a été intégré. Elle est coincée », juge un responsable national du MoDem, qui continue à espérer que le traité de paix entre les deux camps finira par être signé. La République en marche estime, elle, ce document « bidon » : « Les tentatives d’accords locaux a posteriori, ça ne marche pas. »