Maroc : Pour le gouvernement, la crise de 2M nécessite «un traitement de fond»
Une situation de crise qui persiste depuis de années pourrait-elle mettre à mal certaines activités de la deuxième chaîne de télévision publique ? C’est ce que craignent les conseillers de l’Untion marocaine du travail, qui ont interpelé le gouvernement sur une intervention urgente qui s’impose. Temps de lecture: 3'
by Ghita Zine«La deuxième chaîne de télévision nationale traverse une crise depuis de longues années et son traitement doit se faire en fond», selon le ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, porte-parole de l’excécutif, Hassan Abyaba.
Lors d’une conférence de presse tenue jeudi à l’issue du conseil hebdomadaire de gouvernement, le responsable a indiqué que la question devra être au centre d’une prochaine réunion du directoire de 2M.
Le ministre est intervenu en réponse aux derniers faits marquants qui rappellent les difficultés financières de 2M, comme l’interruption de sa diffusion sur NileSat pendant une heure, la chaîne ne s’étant pas acquittée des droits nécessaires. Abyaba a indiqué que la transmission a été rétablie après moults interventions, mais qu’à long terme, la problématique doit être prise en main autrement.
En effet, le porte-parole a indiqué que 90% du budget de 2M repose sur les recettes publicitaires, qui ont connu une forte baisse ces dernières années, accentuant ainsi la crise. D’ailleurs, celle-ci pourrait contraindre la chaîne à fermer des bureaux locaux.
A ce sujet, le groupe parlementaire de l’Union marocaine du travail (UMT) à la Chambre des conseillers a exprimé ses inquiétudes, la semaine dernière, dans le cadre des débats sur le Projet de loi de finances pour 2020. Selon eux, la reprise en main de la situation que traverse 2M doit être incluse, comme garantie pour sauver ce qui peut l’être.
Du manque de matériel aux retards de paiement
Dans ce sens, la conseillère du groupe de l’UMT à la Chambre des conseillers, Amal El Amri, a interpelé le ministre des Finances en exigeant «des mesures urgentes, afin de sauver la chaîne» qui serait dans un «état critique».
Entre autres exemples cités par ladéputée, le blocage de 24 caméras à la douane, depuis plus d’un an, «en raison de l’incapacité de la chaîne à s’acquitter des redevances nécessaires qui s’élevaient à 150 millions de dirhams» rappelle Les Inspirations Eco.
Par ailleurs, Amal El Amri a rappelé que la justice «a condamné la chaîne à vider les locaux de son bureau de Tanger en raison de son incapacité à payer sa location» et que «le même sort menacerait d’autres bureaux». Pour les mêmes raisons, une partie du matériel de Radio 2M aurait également été saisi.
Dans un autre registre, les conseillers sous les couleurs du syndicat le plus représenté auprès des salariés de 2M soulignent «les retards fréquents dans le versement des cotisations de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse marocaine de la retraite (CMR)». La situation pourrait même faire fuir des producteurs et des artistes à cause des délais de paiement.
A quand la mise en œuvre de la recapitalisation par l’Etat ?
Contacté par Yabiladi pour commenter ces informations, le directeur général de Soread 2M, Salim Cheikh, est resté injoignable. Toujours est-il que la question de recapitaliser la chaîne par l’Etat est de plus en plus évoquée dans les récents débats.
Dans ce sens, Media24 indique que cette opération devient vitale, surtout que la chaîne MBC5 cible désormais les téléspectateurs marocains, représentant ainsi un concurrent de taille.
En effet, le site explique que «l’Etat a traîné la situation de 2M sans participer aux recapitalisations décidées en 2016 et 2018, dans un contexte où l’arrivée de MBC5 «risque de porter un coup fatal au paysage audiovisuel marocain».
La même source rappelle qu’au cours de l’exercice 2018, la deuxième chaîne a en effet subi 131 000 DH de pertes, dont le total accumulé atteint les 720 000 DH, soit le double de son capital social (359 000 DH). Décidée fin 2016 puis en 2018, une augmentation de ce capital n’a finalement pas eu lieu, car «l’Etat n’a jamais versé sa quote-part», indique Medias24.
Article modifié le 2019.11.29 à 21h55