Grosse connasse mal-baisée

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La cyberintimidation et les insultes, principalement à caractère sexuel, sont répandues pour les femmes qui œuvrent dans la sphère publique. Au-delà des impacts néfastes pour les personnalités publiques féminines, il faut aussi s’enquérir - et vite - de ce qui ne tourne pas rond chez les harceleurs numériques. Ce comportement pathétique ne dénote-t-il pas un profond malaise quant à leur propre confiance en eux et à leur sentiment d’infériorité face aux femmes?   

En lisant le cri du cœur de la députée de Québec solidaire Christine Labrie sur la violence verbale reçue par les politiciennes, je n’ai pas du tout été étonnée. «Ostie de plotte, minable prostituée, crisse de salope.» Bel argumentaire sur le travail bien fait, ou non, de nos élues. Ce ne sont pas des enfants du primaire qui écrivent cela. Ce sont des adultes! Le degré de maturité de ces assaillants ne vous inquiète-t-il pas? Comment en sommes-nous venus à forger des individus aussi vides et pathétiques? J’ai de l’empathie pour eux, car leur souffrance est assurément grande.   

Caractère sexuel  

Les hommes publics ne sont pas épargnés non plus et sont aussi victimes d’insultes et de violence verbale. Je me suis d’ailleurs penchée sur le sujet, il y a quelques années, dans un documentaire intitulé « La politique n’est pas un jeu d’enfants ».   

Ce qui diffère cependant, c’est la nature des commentaires qui, pour les femmes, est souvent à caractère sexuel.   

Je suis plutôt bien placée pour ne pas me surprendre des attaques dont les politiciennes sont victimes. Œuvrant moi-même dans la sphère publique, je suis sidérée de constater à quel point, quand je travaille sur un sujet qui dérange, je suis vilipendée par certains, non pas sur le contenu, mais sur mes attributs physiques ou ma vie sexuelle. «Mal baisée, laideron, grosse conne, etc.»   

J’ai eu droit d’ailleurs au traitement spécial d’un certain Jeff Fillion, à une époque, qui me traitait selon ses humeurs de pute, de cochonne ou de lesbienne.   

Je n’ai jamais répliqué, car ça aurait été lui accorder trop d’importance. Et d’ailleurs, depuis quand qualifier une femme de lesbienne est une insulte? Mais quoi qu’il en soit, il avait une fixation sur ma vie sexuelle.   

Cela dit, je salue les victimes qui ont osé poursuivre l’animateur en justice. À chacun sa façon de se défendre d’une attaque.   

Il me semble que cette attitude visant à dénigrer les personnalités publiques féminines par des attaques à caractère sexuel parle davantage des intimidateurs que de nous. Cela ne dénote-t-il pas un malaise profond à l’égard des femmes? Un sentiment d’infériorité inquiétant qu’il faut nommer, regarder en face et soigner si on veut que le débat s’élève.