Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen
by Raiffeisen Suisse CIO OfficeIl n’y a pas que les consommateurs qui font du shopping avant Noël. Les entreprises dépensent aussi beaucoup d’argent pour les prises de contrôle.
La saison du shopping concerne aussi les entreprises, qui font généralement les grands «deals» dans leurs étages feutrés, souvent le week-end. Ce n’est pas pour rien que l’actualité financière fait état d’un «Merger Monday» où les transactions sont com-muniquées au public à l’heure du début de la nouvelle semaine boursière. Comme lundi dernier, lorsque toute une série d’entreprises aux USA et en Europe annoncèrent des discussions réussies en matière de prises de contrôle. Le groupe français de luxe LVMH rachète le fabricant américain de bijoux Tiffany & Co. pour 16,6 milliards de dollars, le plus grand courtier US en ligne Charles Schwab rachète le numéro 2, TD Ameritrade, pour 26 milliards de dolalrs et le géant pharmaceutique bâlois Novartis dépense, lui aussi, 9,7 milliards de dollars pour un pari coûteux qui porte sur l’avenir avec «The Medicines Company» dont la prime de rachat est de 40%. Cette prise de contrôle vise à renforcer le secteur des médicaments cardiovasculaires.
Reste à savoir si les achats précédant Noël sont un plus pour les entreprises. Qui vivra verra dans quelques années. L’opération de Novartis mise sur un seul médicament digne d’un «blockbuster», mais qui risque aussi d’être un échec. La transaction est plus simple à évaluer est celle de l’éventuel mariage des mastodontes parmi les brokers en ligne: ensemble, ils forment un géant financier avec 24 millions de clients et 5000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Grâce aux effets de synergie (et aux licenciements), l’économie des coûts peut atteindre 2 milliards de dollars. Mais cette prise de contrôle n’est pas qu’unequestion d’épargne. C’est en même temps une fuite en avant dans un mar-ché extrêmement compétitif qui est mis sous pression par de nouveaux venus tels que Robinhood. En peu de temps, le négoce gratuit des actions et des ETF a vite fait de s’imposer comme la norme aux USA. Les grands noms du trading en ligne ont, eux aussi, dû s’y conformer. Faire de l’argent n’est quasiment plus possible qu’avec des opérations d’intérêts. A cet effet, une très grande base clients est essentielle. Pour l’instant, les investisseurs en Suisse ne peuvent que rêver de telles conditions. Il y a, certes, des prestataires bon marché en Suisse, mais ce n’est pas encore demain la veille que l’on verra chez nous du négoce gratuit d’actions.
Bloomberg entre dans la course pré-électoraleaméricaine. Michael Bloomberg est devenu riche grâce aux environ 325’000 terminaux d’information que l’on trouve aujourd’hui dans presque toutes les grandes sociétés financières dans le monde. Il entre à présent, avec beaucoup de retard, dans la course des démocrates pour affronter Donald Trump lors des élections américaines de 2020. Avec une fortune estimée à plus de 50 milliards de dollars, il surpasse nettement le président actuel, du moins financièrement. Sa campagne électorale, il la financera avec son argent de poche.
Mais sa décision a des effets secondaires pour sa société Bloomberg L.P. Bien que les terminaux génèrent encore de loin le chiffre d’affaires le plus important, Bloomberg est aujourd’hui aussi un géant des médias avec des chaînes de télévision et de radio, des magazines, des plateformes digitales et des événements en direct. Chaque jour, 2700 journalistes produisent environ 5000 articles autour du globe, pour un total de 440 publications. Le défi pour les journalistes est clair: pour ne pas perdre la respectable réputation et de ne pas être exposés aux critiques de Trump ou d’autres adversaires démocratiques, ils doivent revoir à la baisse leurs prétentions journalistiques en termes de reportages sur les élections aux USA. Les rédacteurs en chef se sont donc interdits d’enquêter sur Michael Bloomberg ou ses opposants. Donald Trump, cependant, est et reste exclu de cette autocensure.
Graphique de la semaine
Le «Black Friday» et le «Cyber Monday» annoncent les semaines les plus rentables de l’année pour le commerce de détail américain. Avec pour critèrele moraldes consommateurs, tombé à son plus bas niveau en novembre depuis cinq mois, la saison des achats ne battra sans doute pas de records. A plus long terme, il est inquiétant de savoir que les consommateurs évaluent leur situation actuelle comme bonne, mais qu’ils s’attendent à une détérioration.
GROS PLAN
Les actions chinoises prennent du poids. Le fournisseur indiciel MSCI a de nouveau augmenté la pondération des actions chinoises A cette semaine. La Chine représente actuellement env. 4% de l’indice largement utilisé qu’est le MSCI Emerging Market Index, ce qui devrait se refléter dans les produits de placement des gestionnaires de fonds ainsi que dans ceux des ETF.
LE PROGRAMME
Sommet de l’OPEP. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se réunit chaque année à Vienne les 5 et 6 décembre. Une prolongation, voireune extension des restrictions de la production pétrolière actuelle fera l’objet d’un vif débat.